Réseau MÉTALEX

Pourquoi MÉTALEX ?

La Métalexicographie, discipline fondée par les travaux de Bernard Quemada (1968) mais aussi ceux d’Henri Meschonnic et plus tard ceux de Josette Rey-Debove (1971), s’est dotée en France de lieux de publication emblématiques tels que les Cahiers de Lexicologie ou les Études de Linguistique Appliquée. La création à Cergy-Pontoise par le professeur Jean Pruvost d’un laboratoire de type Unité Mixte de Recherche (Centre de recherche Métalexicographique et Dictionnairique francophone (METADIF), devenu ensuite Lexiques, Dictionnaires, Informatique (LDI), UMR 7187 CNRS/UP13/Université de Cergy-Pontoise) a permis de poursuivre le développement de ces recherches fécondes. Après le foisonnement des études menées sur la lexicographie de langue française et les travaux conduits dans une perspective multilingue avec des langues comme l’italien ou l’espagnol, force est de constater que les études métalexicographiques ont pâti ces dernières années d’une visibilité moindre ou, en tout cas, d’un rattachement moins explicite à cette discipline de travaux pourtant focalisés sur les dictionnaires.

Dans le cadre du projet METALPIC visant à fournir une description de la tradition lexicographique en langue picarde, il a été estimé nécessaire d’accompagner les balbutiements de cette étude d’une réflexion plus générale sur la discipline. Ce bilan scientifique a pris la forme d'un colloque organisé par le laboratoire Lexiques, Textes, Discours, Dictionnaires : centre Jean Pruvost (LT2D, EA 7518) en octobre 2019 à l’Université de Cergy-Pontoise et portant le titre assez explicite « 50 ans de Métalexicographie : bilan et perspectives ». Réunissant une grande partie des acteurs internationaux de la discipline, notamment grâce à la présence (ou la représentation) des organisateurs des « Journées de dictionnaires », évènements scientifiques ayant pour modèle le colloque initié depuis 1993 par le professeur Jean Pruvost - lui-même disciple du regretté Bernard Quemada - et réunissant encore chaque année les plus grands chercheurs du domaine, ce colloque a connu un succès retentissant et nous a conforté dans la nécessité de proposer une forme de structuration de la recherche en métalexicographie en Europe et ailleurs dans le monde. L’idée de la création d’un réseau international a reçu l’assentiment de tous et les orientations de recherche présentées semblent à la fois apporter une pérennité et une meilleure visibilité de la discipline dans le champ des sciences du langage, mais aussi répondre aux attentes des évolutions linguistiques de ces dernières années. Ainsi, à travers sa constitution, le réseau MÉTALEX entend répondre de manière programmatique et non limitative aux trois grandes exigences suivantes :

  1. Faire en sorte que les investigations portant sur les langues traditionnellement explorées par la voie de la métalexicographie puissent perdurer et continuer de se développer en étant fédérées, mieux valorisées et transposées à d’autres approches linguistiques. Ce réseau permet ainsi de mieux faire connaître l’outil dictionnaire au sein de préoccupations multiples dans les recherches linguistiques, dans des domaines aussi variés que la didactique, la lexicologie, la morphologie, ou encore l’analyse du discours pour n’en citer que quelques-uns.
  2. Faire en sorte que la métalexicographie puisse être une discipline qui explore les nombreuses langues dont le statut leur confère une visibilité moindre. Nous pensons non seulement aux nombreuses langues « régionales » partout dans le monde, mais aussi aux langues considérées comme « minoritaires » ou « minorées », traditionnellement mal nommées « petites langues ».
  3. Faire en sorte que les mutations de l’objet dictionnaire - et donc de la discipline Lexicographie - grâce à l’avènement puis la généralisation de l’outil informatique qui a considérablement modifié les modes de consultation des dictionnaires et fait émerger d’autres modèles, comme les modèles dits contributifs, collaboratifs ou participatifs, puissent se traduire par de nouvelles orientations métalexicographiques. C’est notamment ce qui a été initié au travers des réflexions conduites dans le cadre d’un colloque comme celui organisé en 2017 au Québec et intitulé « Dictionnaires, culture numérique et décentralisation de la norme dans l’espace francophone » et qui a depuis connu plusieurs nouvelles éditions.